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Le label Numérique Responsable (NR)

Le label Numérique Responsable : pour qui ? pourquoi ? comment ?

Le numérique est niché partout dans nos vies et au sein des organisations, bien souvent de façon diffuse et invisible.

© crédit photo Burst, Tomas Hustoles

L’aiguille de la balance de son poids social et environnemental ne cesse de monter, en même temps qu’il représente une partie de la solution à la transition sociale et environnementale. Les enjeux qui lui incombent sont tels qu’une instance de planification écologique lui est dédiée, que des lois successives sur les limitations d’impact le visent, et que le label Numérique Responsable tente d’encadrer son usage au sein des organisations.

L’objectif de cet article n’est pas de lister les impacts sociaux, environnementaux et sociétaux du numérique. Ils ont déjà été très bien documentés et des sources sont rendues accessibles au bas de cet article. La vocation est plutôt d’apporter ici :

  • des réponses aux entreprises qui se questionnent sur la pertinence d’une démarche de préparation au label Numérique Responsable  (NR)
  • une clarification des objectifs à se fixer autour d’une telle démarche
  • des pistes de travail pour la mettre en œuvre

1. Les entreprises concernées par une démarche de label Numérique Responsable

La tentation de vous répondre que toutes les entreprises sont potentiellement concernées par une démarche de numérique responsable est grande. Même si cette réponse est très proche de la réalité, elle mérite quelques nuances et précisions.

Certes le numérique s’est glissé partout. Toutefois son importance n’est pas la même selon l’activité principale de l’organisation ou de l’entreprise.

Cadrer sa démarche RSE en amont permet de mesurer l’importance de l’impact du numérique au sein de ses activités. L’analyse de (double) matérialité, peut vous aider à questionner votre organisation : le numérique est-il un enjeu prioritaire en matière de RSE ? Si votre structure a déjà réalisé son bilan carbone, quel poids représente le numérique dans le total des émissions de GES ?

  • Si le numérique apparaît comme prioritaire, il est certain qu’une démarche de numérique responsable s’impose dans la stratégie RSE à court terme et rend votre organisation redevable de limitation d’impact en la matière.
  • S’il est secondaire, il faut alors s’interroger sur la maturité de votre démarche RSE et les ressources que vous pouvez lui allouer :
    • Si les plans d’action de vos enjeux prioritaires RSE ont une gouvernance établie et une avancée régulière, alors go ! Par exemple, un grand nom de la cosmétique française a récemment été labellisé NR niveau 2 (Pierre Fabre)
    • Si ces derniers sont encore en phase de démarrage et de stabilisation, alors, ce n’est que partie remise à un peu plus tard.

De façon plus intuitive, une démarche de labellisation de numérique responsable s’adresse prioritairement [1]:

  • Aux entreprises qui utilisent massivement les services numériques : banques, assurances, toute entreprise de service (agences de communication, cabinets de conseil, de recrutement, …)
  • Aux entreprises qui conçoivent et fournissent des services numériques (ESN – entreprise de service numérique, cabinets de conseil, …)

Chiffre clé : Dans ce post LinkedIn, j’indiquais qu’environ un quart des émissions de GES d’une entreprise de service provenait des services numériques utilisés par l’entreprise.

La démarche de NR contribue de la performance financière et extra-financière de organisation.

Il est intéressant de constater un lien de causalité entre les actions visant à limiter l’impact social et environnemental du numérique au sein de votre organisation et la baisse de certains postes de dépense. Quelques exemples parmi tant d’autres :

  • alléger le poids des images et optimiser les requêtes d’un site web ont un impact sur le temps de chargement des pages, et la baisse du taux de rebond.
  • nettoyer régulièrement ses données, c’est du budget de serveur (ou des factures d’électricité) revus à la baisse.
  • centraliser les achats IT avec un partenaire performant d’un point de vue RSE, permet d’installer de bonnes relations et des conditions commerciales mieux-disantes (versus des achats unitaires éparses)
  • Aussi, alors que la CSRD est entrée en application, il est à prévoir que les entreprises de tout secteur se prêtent à l’exercice du numérique responsable. Distillé dans l’ensemble de la chaîne de valeur, de la fabrication à la distribution, le numérique joue un rôle à chaque étape.

Le label Numérique Responsable : au service de l’IT for good et du good IT

Enfin, une démarche de numérique responsable permet à l’entreprise de travailler sa congruence.

A l’heure de l’essor de l’IT for good / IT for green couplé à celui de l’usage massifié de l’intelligence artificielle, il est indispensable de poser la question de l’impact de l’IT en tant que tel. Prenons le cas actuel de l’IA : certes l’IA peut être à l’origine de nombreux progrès au sein de votre organisation toutefois à titre d’exemple, le modèle de langage de ChatGPT 3 a émis 552 tonnes de GES (200 A/R Paris New York) lors de sa phase d’entraînement et plus de 10 000 tonnes de GES une fois passé en utilisation, en janvier 2023 [2].

Initier la démarche de NR peut amener de nouveaux critères de décision dans le déploiement de projets technologiques : mesure de l’impact environnemental du projet en phase de conception (build) et en phase d’utilisation (run), nouveaux critères de choix dans les grilles d’appel d’offre évaluant les partenaires technologiques consultés, évolutions des sites sur des critères de performance de durabilité,…

Cohérence et alignement des engagements, c’est justement ce que propose le référentiel du label Numérique Responsable.

2. Label Numérique Responsable : présentation et objectifs

Initié en 2018, lancé en 2019, le label Numérique est le fruit d’une collaboration entre l’INR, l’Agence Lucie et des acteurs du numérique. Il bénéficie du soutien des pouvoirs publics et de l’ONG WWF.

La démarche de labellisation au Numérique Responsable a pour objectif de réduire l’empreinte sociale et environnementale du numérique. Elle présente l’avantage de guider l’organisation dans sa transformation, de façon transverse et coordonnée. Les propositions d’action sont réparties en 4 axes prioritaires :

  1. Stratégie et gouvernance : l’implication des équipes de direction et du dirigeant dans ce projet est clé. Ce n’est pas tant le temps passé que l’incarnation, le devoir d’exemplarité et la capacité à arbitrer rapidement qui donnera toute sa portée à la démarche.
  2. Soutien à la stratégie de Numérique Responsable : cet axe vise à embarquer prioritairement les équipes, par le développement des compétences, de la formation, de l’inclusion et de l’accessibilité. Il sollicite prioritairement l’expertise des ressources humaines.
  3. Cycle de vie des services numériques : c’est au tour de la DSI (direction des systèmes d’informations) d’être mobilisée pour actionner cet axe. L’objectif : établir les bonnes pratiques de gestion du parc du matériel informatique, des données et de l’infrastructure IT.
  4. Etendre sa démarche de Numérique Responsable : cet axe appelle à déployer son engagement à l’extérieur de l’organisation, par des projets de partage de connaissance ou d’intérêt général.
  5. Produit et service des Entreprises de Services Numériques (ESN) : Cet axe ne concerne que les ESN et il vise à commercialiser des offres et des services promouvant le numérique responsable. Il vient aider à réfléchir à une évolution progressive du modèle d’affaires.

Chaque axe se décline en principe d’actions et en type d’investissement responsables. Au total ce sont près de 50 types d’initiatives qui peuvent être menés, chacune permettant de collecter un certain nombre de points, expliqué de façon transparente dans le référentiel. Le label est donné après la session d’audit, par des auditeurs indépendants, avec qui l’agence Lucie établit des partenariats.

Ces initiatives trouveront tout à fait leur place dans le rapport de durabilité RSE de l’entreprise.

3. Label NR : comment le mettre en oeuvre ?

Le triangle de la gestion de projet considère 3 dimensions : l’étendue, le temps et l’argent. Voyons comment il est possible d’arbitrer ces dimensions dans le cadre de l’ obtention du label NR:

L’étendue : le label NR se décompose en 2 niveaux :

  • Le niveau 1 est accessible pour les entreprises atteignant le score minimum de 300 points /1000.
  • Le niveau 2, quant à lui, est à la portée des entreprises obtenant 500 points et plus /1000. L’autodiagnostic en phase initiale de projet vous aidera à identifier à quel niveau l’entreprise peut prétendre, par rapport aux efforts qu’elle pense pouvoir lors de la période de préparation.

Le temps:

  • Pour obtenir le label de niveau 1, il est recommandé une durée de préparation de 6 mois. La durée d’engagement de progrès est de 2 ans entre chaque audit.
  • Pour décrocher le label de niveau 2, la durée de préparation minimum est de 12 mois, le plan de progrès s’étale sur 3 ans.

Le budget : les coûts de ce type de démarche se décomposent en coût fixe et coût variable, selon les besoins et les caractéristiques de votre organisation.                     

  • La labellisation a un coût fixe (montants € HT) :
    • La redevance du label : 0,01% du CA dans une fourchette min-max comprise entre 1000€ et 6000€
    • Le coût de l’audit : 750€
    • Le coût du certificat de l’INR à passer par au moins une personne au sein de l’entreprise : 80€
  • La labellisation peut avoir des coûts variables en accompagnement, service que je peux vous proposer grâce à adeq conseil, pour accompagner dans le pilotage du projet, la production de livrables, le choix de partenariats clés, la préparation et la gestion de l’audit le jour J.

Ces coûts sont à minorer pour 2 raisons :

  • En 2024, l’Ademe renouvelle la subvention d’accompagnement à la démarche de labellisation de Numérique Responsable, et propose une subvention d’un montant de 5000€ pour les PME (< 250 collaborateurs, conditions d’éligibilité à revoir).
  • Les actions entreprises pour amorcer une démarche de Numérique Responsable permettent de générer des économies (optimisation du budget achats numériques – via centralisation, partenariats de long terme, choix du matériel reconditionné – , baisse des factures d’électricité, défiscalisation des actions d’intérêt général, …).

Ces quelques informations ont pour vocation de démontrer la faisabilité d’un tel projet. Alors, à ce stade de la lecture,  peut-être vous posez-vous la question du passage à l’action ?

4. Si vous souhaitez commencer demain, voici les étapes clés et les boîtes à outils disponibles

Sans avoir à décider de façon immédiate de se lancer dans une démarche de labellisation au Numérique Responsable, il peut être intéressant de commencer à semer des graines et poser des jalons.

  • Sensibilisez l’ensemble des collaborateurs (équipe dirigeante comprise)

La sensibilisation au numérique responsable passe plusieurs types d’atelier pédagogique d’intelligence collective, en fonction des enjeux principaux de l’entreprise et du niveau de maturité sur le sujet :

  • Ancrez les bonnes pratiques NR dans le quotidien

Rendre tangible et matérielle la démarche de NR, voilà une bonne raison de déployer des bonnes pratiques en matière d’usage du numérique : choix et précaution apportés au matériel informatique, gestion responsable des données stockées, navigation responsable(choix du moteur de recherche, nombres de fenêtres ouvertes)

L’association Digital Clean Up Day consolide les efforts en matière de gestion des données et du parc informatique, par les organisations adhérentes du mouvement.

Enfin, si vous avez besoin de chiffres, d’ordres de grandeur, d’éléments visuels afin de convaincre vos parties prenantes sur l’intérêt d’une telle démarche, voici l’accès à des sources fiables et convaincantes.

5. Aller plus loin, retourner aux sources :

En conclusion, mettre en place une démarche de labellisation NR est un exercice de quelques mois, à la portée de la plupart des organisations, grâce aux nombreux outils open source existants et à un soutien financier porté par l’Ademe en 2024. Bien que l’implication des référents DSI soit essentielle dans ce projet, le niveau de technicité est abordable et l’ensemble de vos collaborateurs peuvent être mobilisés. Cette mobilisation transverse, de même que la durée qu s’échelonne sur plusieurs mois peut vous amener à rechercher un accompagnement externe.

Au plaisir d’échanger avec vous,

Emilie

[1] : Formation Numérique Responsable, Beta Loto pour l’Agence Lucie, 2022

[2] : Les grands défis de l’IA générative, data for good, juillet 2023

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